COLETTE

Effleurer du bout des doigts les herbes folles balancées par le vent, courir en évitant d’écraser les fleurs aux couleurs vives, s’arrêter sur une d’elle et prendre le temps de la regarder, elle ressemble à un insecte, sûrement pour mieux les attirer… c’est une orchidée et elle symbolise la sensualité. Sidonie Gabrielle Colette connait bien la nature bourguignonne et la flore qui la compose et, s’il fallait la comparer à une fleur ce serait avec celle que l’on vient de prendre le temps d’admirer. Son corps à elle pense, ressent plus finement et plus grandement ce qui la touche que son cerveau. Tout n’est que sensualité, quête de plaisir et liberté.

​

Sidonie devenue Colette grâce à Claudine dans l’ombre de Willy*, vagabonde dans sa vie et laisse une envie secrète de lâcher prise dans celle des autres. Déroutante séduisante farfelue et farceuse, elle captive par son vécu et son phrasé et elle transmet une furieuse envie de vivre.

​

On utilise souvent son histoire et son image comme symbole de l’émancipation des femmes malgré le fait qu’elle se soit affranchie des constructions théoriques des mouvements en faveur des femmes de son époque, et malgré le fait qu’elle ait eu en horreur le combat des suffragettes. En fait, sa vie tout entière et cette liberté qui lui était si cher et qu’elle a conquise traduisent d’une révolution d’un mode de vie dans une époque puritaine et dominée par les hommes. De plus dans son œuvre prolifique, elle a créé des personnages féminins complexes et puissants qui ont refusé tout comme elle de se conformer aux attentes sociales.

​

*Sidonie Gabrielle Colette est née en 1873 dans un village bourguignon, d’un père désespérément désireux de faire carrière dans l’écriture mais qui laissera page blanche et d’une mère très aimante, cultivée et adepte de la libre pensée, qui invitera sa fille, joyaux de sa vie, à regarder le monde et ses plus beaux aspects. 20 ans plus tard, c’est la rencontre avec Willy, journaliste et romancier connu pour ses œuvres presque érotiques écrites par d’autres mains que les siennes, qui va changer la vie de Sido. Ils se marient vite, montent à la capitale pour partager leur vie dans une microscopique garçonnière et courent les soirées mondaines. Ils vivent au-dessus de leur moyen et c’est en cette période que Willy demande a Sido d’écrire un roman racontant son enfance. L’ouvrage s’appelle Claudine à l’école qui après être resté plus d’un an dans un tiroir devient un bestseller que Willy s’approprie en tant qu’auteur. Il ordonne à Sido l’écriture d’autre Claudine qui seront tous des romans à succès. Elle a fait sien le rêve de son père, Sido devient Colette. S’en suivent les tromperies, l’amante des maitresses de son mari. Elle fréquente les cercles lesbiens ou des femmes riches et influentes s’amusent entre elles. Elle sera intime de Mata Hari puis, Missy (nièce de Napoléon trois), se séparera de Willy et entrera dans le monde merveilleux des cabarets où elle se plaira à se montrer nue pour qu’aucun vêtement n’humilie sa plastique et à oser l’impensable que d’embrasser une femme sur scène.