PIA KLEMP

Pia Klemp est une des figures de la lutte contre la criminalisation de la solidarité. Depuis 2017, l’activiste allemande a sauvé de la noyade plus d’un millier de migrants, égarés en Méditerranée ce qui lui a valu d’être accusée d’assistance illégale.

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Si le sexisme est toujours un sujet dans le milieu très superstitieux de la marine - ce même milieu qui considère encore que les femmes à bord de navire portent malheur - c’est justement parce qu’elle est femme que le combat de Pia Klemp a été, ces dernières années, très relayé. En effet, on assiste à une sensibilisation sélective due à la présence d’une femme aux commandes d’un navire, alors que des milliers de réfugiés se battent pour rester en vie dans l’indifférence de la plupart des grands médias. Qu’à cela ne tienne, s’il faut devenir le porte-voix de tous ceux qui comme elle, sont jugés pour des délits de solidarité, elle porte son rôle modestement. Tout comme elle, ces capitaines de navires qui sauvent des réfugiés en mer méditerranée ne font qu’accomplir leur devoir en vertu de la convention internationale de 1974 pour la sauvegarde de la vie humaine en mer qui stipule qu’en cas de signal de détresse, le chef d’un navire est tenu de porter sur le champ assistance aux personnes en danger de mort.

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Il semble totalement absurde d’avoir à utiliser la convention pour justifier le sauvetage de vie, absurde d’être condamné pour aider son prochain, absurde tant est si bien qu’on peine à comprendre ce que le mot justice signifie quand on considère la solidarité comme un délit.

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Pia est une femme engagée qui a troqué la lutte contre l’exploitation des animaux en antarctique pour le sauvetage de ses semblables. Elle sait que pour beaucoup elle inspire, elle est une référence, elle est une héroïne… Mais elle n’aime pas être encensée, pour elle, les vrais héros sont ceux que l’on criminalise pour avoir revendiqué leur droit à une vie meilleure et en sécurité, ceux qui choisissent de traverser la méditerranée. Elle dit :

« Quand on est capitaine blanche, on est « héroïne », mais quand on est réfugié persécuté, on est traité comme les criminels. »

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Quelle impression fugace laisse son regard en nous ? Il rappelle à la mer et au ciel avant même que l’on sache ce qui l’anime. Il rappelle au voyage, il rappelle à la sagesse. Ces yeux-là, ceux de Pia, ont été témoins de catastrophes écologiques et de crises humanitaires sans précédents. Ils sont le miroir d’une âme bienveillante l’ayant poussée à commettre un délit de solidarité. Iuventa, Sea Watches, 2016, 2017, baignés dans le poème de la mer désolée d’avoir noyé quelques vies en quête de meilleurs destins, ces deux navires ont permis de sauver les quelques milliers d’autres grâce à une capitaine, une héroïne. Pia Klemp …